Chronique La débandade du CH, le voyage en Alberta et le bon Nigel Mansell

L’action se déroule le 8 juillet 1984, lors du tout premier (et dernier) Grand Prix de Dallas …

Il fait 104 degrés Fahrenheit (40 degrés Celsius) sous le chaud soleil du Texas, et le fabricant Goodyear enregistre la température de la piste à 150 degrés Fahrenheit (66 degrés Celsius). Le circuit temporaire de Fair Park à Dallas est visiblement en train de s’effondrer et les pilotes de F1 ont du mal à voir comment cet événement peut se terminer normalement.

Les pilotes se demandent comment leurs voitures peuvent résister à une chaleur aussi intense. Et comme ils n’ont jamais couru dans des conditions comme celle-ci, certains craignent de ne pas pouvoir y faire face. Estimant que le risque n’en vaut pas la peine, Niki Lauda et Alain Prost tentent de convaincre leurs collègues de boycotter l’épreuve. En vain.

Au final, seuls huit monoplaces parviendront à boucler cet événement fou, qui produira également l’une des scènes les plus mémorables de l’histoire du championnat du monde.

Nigell Mansell est parti de la position de leader à bord de sa magnifique Lotus pour la première fois de sa carrière, perdant plusieurs places pendant la course. Il fait des erreurs et ses pneus se détériorent rapidement. Alors qu’il terminait le dernier tour, sa transmission a calé.

Avec sa visière relevée et sa ceinture non bouclée, le Britannique franchit le dernier virage au ralenti. De toute évidence, il n’a pas assez de vitesse pour arriver à l’arrivée. Désespéré, Mansell sort du cockpit et tente de pousser sa voiture. Complètement épuisé, cependant, il s’est effondré avant de franchir la frontière. Il est finalement crédité de la 6e place.

Il est assez inhabituel d’entreprendre une chronique de hockey en racontant une anecdote de F1. Mais le parallèle avec les Canadiens est si frappant qu’il semble tout à fait approprié dans le cas présent.

L’entraîneur-chef par intérim des Canadiens, Dominique Ducharme

La saison des Canadiens avait très bien commencé. Mais plus elle progresse, plus la chaleur est accablante et plus la structure se fissure de partout. À la vitesse à laquelle les choses évoluent, il est même permis de se demander si Dominique Ducharme terminera la saison comme Mansell avait terminé le GP de Dallas: en poussant désespérément une machine qui a cessé de bouger et qui vient d’obtenir une place manquera dans le jeu- offs qui, jusqu’à récemment, étaient dépassés à 99%.

Le CH, qui avait inquiété ses fans pendant deux mois, a trouvé un moyen de les rendre plus alertes la semaine dernière.

Après une solide victoire contre les Leafs de Toronto lundi, les Canadiens ont suivi trois matchs où ils ont à peine touché la rondelle, pour ainsi dire.

Dans une série charnière de deux matchs contre les Flames de Calgary, l’équipe de Montréal a été devancée 30-12 dans les occasions de marquer. Samedi après-midi, CH n’a jamais été dans le match contre les jeunes Sénateurs d’Ottawa, qui ont quitté Montréal avec une victoire facile de 4-0.

Vendredi soir, cependant, un miracle s’est produit. CH a réussi à gagner un match (2-1) qui a surpassé les Flames 18-5 dans les occasions de marquer, en plus de frapper trois postes. Sans cet incroyable cadeau des dieux du hockey, les Flames n’auraient plus que deux points de retard sur les Canadiens avec deux matchs de moins à faire.

Cela dit, alors même que la saison tire à sa fin et qu’ils ont une avance de 6 points sur les Flames (avec deux matchs en main), les hommes de Dominique Ducharme ne sont pas sortis du bois.

Ils se sont envolés pour l’Alberta dimanche, où ils ont disputé deux matchs contre les Oilers lundi et mercredi. Ils se rendront ensuite à Calgary pour affronter les Flames trois fois de suite à partir de vendredi.

Si le CH ne corrige pas la situation à Edmonton, il pourrait théoriquement arriver à Calgary avec seulement quatre points et un match en main contre les Flames. Et lorsque les deux équipes se retrouveront face à face au début de la semaine prochaine, Calgary pourra profiter d’un horaire incroyablement avantageux par la suite.

L’horaire des Flames a été reporté en raison de la grave épidémie de COVID-19 qui a frappé les Canucks de Vancouver. Ainsi, alors que le CH continuera à jouer quatre matchs par semaine jusqu’à la fin de la saison le 12 mai, les Flames profiteront des pauses suivantes pour cinq de leurs sept derniers matchs:

De plus, les Flames clôturent leur saison en affrontant les Canucks quatre fois de suite. Il y a fort à parier que ce dernier, sortant d’une dure épreuve, sera détruit à la mi-mai. Bien que tous leurs joueurs n’aient pas pu revenir au match, les Canucks ont lancé dimanche une course ridicule de 19 matchs en 32 jours.

Pour résoudre le cas des Flames cette semaine, CH devra avant tout résoudre ses problèmes offensants, qui sont extrêmement préoccupants.

Depuis que Brendan Gallagher s’est blessé à la main le 5 avril, le CH n’a inscrit en moyenne que 1,57 but par match, plaçant l’équipe au 29e rang au classement général de la LNH. Le Tricolore n’a pas pu faire mieux qu’une fiche de 2-5 durant cette période.

Gallagher ne reviendra pas à la compétition avant la fin de la saison. Malgré le fait que la profondeur de la formation devrait être une force du CH, l’absence du guerrier le plus combatif de la formation reste remarquable. À partir de la saison 2016-17, le CH a joué pour .557 lorsque Gallagher est dans l’équipe et seulement 392 quand il ne l’est pas.

La saison de Brendan Gallagher est probablement terminée.

Photo: Getty Images / Minas Panagiotakis

L’acquisition la plus récente, le centre vétéran Eric Staal, semble être en bout de ligne. Il n’a pas contribué jusqu’à présent, et il faut être trop optimiste pour croire qu’il finira par le faire. Steel a la plus grande différence d’organisation (-8) après seulement 8 matchs, ce qui est extrêmement révélateur.

Les fans réclament que l’entraîneur du CH modifie sa liste, mais Ducharme a réitéré samedi pour la troisième fois qu’il ne pouvait pas le faire car CH n’avait droit qu’à quatre rappels après la date limite des échanges et qu’il en avait déjà trois. Puisqu’il reste encore 14 matchs à jouer, nous essayons de garder une certaine marge de manœuvre.

Les chefs d’équipe attendront donc jusqu’à nouvel ordre jusqu’à ce qu’une blessure se produise avant de faire des changements.

Jonathan Drouin, qui devrait être l’un des meilleurs producteurs offensifs en CH, est sans doute le joueur qui illustre le mieux la période de sécheresse offensive extrême qui sévit dans le CH.

Drouin n’a pas marqué lors de ses 24 derniers matchs et n’a récolté que deux passes lors de ses dix derniers matchs. Il n’a également eu que deux occasions de marquer lors de ses dix derniers matchs, dont un samedi lorsque Colin White, des Sénateurs, lui a gracieusement remis le record à la machine à sous.

Les centres CH n’ont marqué que 20 buts cette saison, une statistique qui place CH dans le dos de la LNH avec les centres étant Columbus (20), Dallas (19), Detroit (19) et New Jersey (19). Au moins trois de ces quatre dernières formations seront bannies de la série d’ici un mois.

Pendant ce temps, Jeff Petry, un autre catalyseur offensif essentiel, est en panne depuis un mois.

Le 13 mars, Petry était le deuxième défenseur offensif le plus prolifique de la LNH (11-14-25 et +14). Depuis cette date, Petry a été classé 68e parmi les arrières latéraux de la LNH avec une production de 1-5-6 et un dossier défensif négatif de -8. Dans une brigade défensive composée principalement de grands arrières défensifs, cet épuisement de carburant a certainement un effet frappant.

Avec 14 matchs à jouer au calendrier, malgré leur avance de 6 points sur les Flames, CH parcourra une ligne très fine cette semaine.

Le site spécialisé Sports Club Stats estime les 90,9% de chances que Montréal participe aux éliminatoires en mai. Mais ce pourcentage élevé fondra comme de la neige au soleil si le CH continue de couler comme il l’a fait au cours des deux dernières semaines.

Un peu comme les chances de Nigel Mansell au GP de Dallas en juillet 1984.